
Cité directement par FONCIA au tribunal correctionnel de LYON, chambre presse, pour « diffamation », je me présentais, hier, vers 12 h 30, à l’audience du mardi 19/09, prévue à 14 h. J’étais en avance pour repérer les lieux, puis repartir marcher, car j’assure, moi-même la défense dans cette citation (je considère, au vu de la citation de FONCIA, qu’un spécialiste en comptabilité vaut mieux qu’un expert en droit, même pénal, pour démontrer qu’il s’agit d’une ultime tentative d’intimidation).
Au retour de ma détente, j’ai découvert, à l’entrée du tribunal, une manifestation des greffiers en colère (elle avait débuté vers 13 h). J’ai pris quelques photos, parlé avec un greffier (il m’a expliqué que le « foulard » rouge (=colère) était le symbole de leur mouvement. L’heure passant, je me suis rendu à la chambre presse, l’huissier présent ne savait pas si les audiences seraient annulées. Bien après 14 H., la magistrate est venue nous annoncer que le tribunal ne « disposait » que de quelques greffiers réquisitionnés, en nombre insuffisant, la décision avait été, donc, prise de renvoyer les audiences. Seuls les délibérés seraient lus, et les dates de renvoi fixées.
Le rôle indispensable des greffiers ne pouvaient pas mieux être démontrer. La manifestation se tenait devant la porte du Palais de Justice de LYON, mais sans blocage, les entrées et sortie étaient libres et exemptes de réflexions…Et pourtant, « un seul être nous manque » et les audiences ont dues être renvoyées. Voici les autres photos prises.



Pour les motifs de leurs mouvements, je vous renvoie à un excellent article de France 3, « On s’est tu et on a encaissé trop longtemps! » : paroles de greffiers désabusés mais combattifs (francetvinfo.fr)
dont voici des extraits.
Le 3 juillet dernier, ces indispensables petites mains de la justice ont fait grève. Une journée morte, des audiences renvoyées. Un événement suffisamment rare pour être souligné. Un mouvement né spontanément des greffes. Après ce premier acte, les greffiers, peu habitués à la contestation, se sont mobilisés une nouvelle fois pour faire entendre leur voix.
C’est la proposition d’une nouvelle grille indiciaire par la direction des services judiciaires (DSJ) qui a mis le feu aux poudres et cristallisé la colère des greffiers. Une grille synonyme pour la plupart d’un mépris criant de la profession.Cette nomenclature prévoyait notamment un reclassement qui aurait abouti pour certains à des pertes d’échelons et de plusieurs années d’ancienneté moyennant un gain de « quelques euros ». « Une grille de la honte par rapport à nos missions, à nos responsabilités et à notre investissement dans ce métier », tempête une greffière principale qui, selon ses dires, aurait perdu cinq ans d’ancienneté et trois échelons si cette grille avait été imposée. Elle a finalement été abandonnée début septembre face à la levée de boucliers. En début de carrière, le salaire mensuel brut du greffier dépasse à peine les 1700 euros, hors prime.
Mais cette grille a mis en lumière un malaise bien plus profond : « on s’est tu et on a encaissé trop longtemps ! On nous présente souvent comme les petites mains de la justice. Moi, je pense qu’on est plutôt les esclaves de la justice ».
« La reconnaissance passe aussi par une revalorisation des grilles statutaire et indemnitaire ». Une réclamation unanime au sein du corps des greffiers. Leur mobilisation finira-t-elle par payer ? La profession, classée en catégorie B et qui réclame un passage en catégorie A, s’est heurtée jusqu’à présent à un refus du ministère.
Surcharge de travail, — particulièrement en cas d’absence —, et un épuisement chronique, tâches difficilement quantifiables, c’est aussi une des réalités du métier.
En correctionnelle, aux comparutions immédiates par exemple, il n’est pas rare que les journées s’étirent jusqu’à une heure du matin, parfois au-delà. « Et quand l’audience est terminée, pour autant la journée n’est pas finie pour les greffiers. On doit tout retranscrire ! Un travail qui peut prendre jusqu’à 45 minutes » explique-t-on au service du greffe correctionnel.
Si les greffiers dénoncent un manque de temps et de moyens, les outils sont également largement critiqués. Cerise sur le gâteau. À l’ère du numérique, tous se disent obligés de fonctionner avec des outils informatiques boiteux, « d’un autre âge ». Pointé du doigt : le logiciel Cassiopée, présenté en 2010, comme un parangon d’efficacité. À l’arrivée, il s’est révélé une source de stress et de fatigue pour des personnels déjà à bout. « Le plus triste, c’est qu’on est dans une dictature des statistiques. On remplit des cases, des tableaux. On nous réclame de l’efficacité ! ».
Ce mouvement est national, comme l’atteste cette vidéo, tournée hier en SEINE-ST-DENIS
Pour expliquer le métier, rien ne vaut une personne du métier, Comme dans cette vidéo officielle
L’interrogation d’une provocation/piège du gouvernement, avec sa nouvelle grille indiciaire, est légitime : Le gouvernement pouvait craindre, en fin d’année 2021, une convergence possible magistrats/greffiers, dénonçant les conditions de travail, dans la justice. Voir cette vidéo (4 12 2021) de FRANCE CULTURE.
La présentation de cette nouvelle grille séduisait la CGT, mais la fédération justice de ma confédération avait détecté un « loup » possible, qu’il a étudié, pour en faire un tract.
Le reclassement était inacceptable et a déclenché ce mouvement spécifique aux greffiers.
Tout citoyen, justiciable en puissance, peut comprendre ce mouvement. Et comprendre mon soutien affiché en titre