Synthèse des Résultats théoriques de mes Recherches : Sacrifice, Sacré, Harcèlement, et manif pour tous

Abraham et son fils, fin des sacrifices humains ?

La manif pour tous : Ce mouvement n’existe plus, il a disparu. Il fut, pour moi, un formidable terrain d’observation, pour  concevoir le cadre théorique des 2 recherches intervention.  Ce terrain, dans cet objectif, se réduisit à la connaissance de cette figure atypique, qui se faisait appeler Frigide BARJOT. Si elle n ‘évoque plus grand-chose pour vous, et que vous vous intéressez à mes écrits, regardez cette vidéo, publiée sur le blog de Caroline FOUREST

Commentaire de Caroline Fourest : Affrontement patient mais ravageur dans « On n’est pas couché », en plein débat sur le Mariage pour tous.

Et  pour une meilleure compréhension de cet article, visionnez la courte vidéo de notre (France) ex-fleuron, pionnier (avant You Tube) de la vidéo en ligne DAILY MOTION

Frigide Barjot : Elle évoque Karl Zéro et fond en larmes sur D8 – Vidéo Dailymotion

Vous voyez, à l’écran, une femme, proche de ce que l’on appelle un burn-out, entourée d’autres, aussi connues qu’elles. Je peux ajouter qu’elles se rencontraient, avec sympathie, « dans les mêmes lieux de la Nuit Parisienne » que Frigide/Virginie, avant qu’elle trouve  ce slogan génial (La Manif pour Tous) et fonde l’organisation éponyme, permettant à un million de personnes, à chaque manifestation du premier semestre 2013 (beaucoup plus, lors de celle du 24 mars 2013) de montrer leur opposition au projet de loi, dit du mariage pour tous. Vous pouvez contester le chiffre d’un million et lire 300 000 (ou moins), peu importe.

Dix ans plus tard, Frigide/Virginie a été interrogée pour savoir si elle regrettait son engagement : « Vous rigolez, c’est une blague », a-t-elle assuré au micro de RTL, vendredi 21 avril 2023.

Je ne vous raconterai pas ce qu’elle a fait pour surmonter cette épreuve. Par contre, ce que je vais vous révéler, vous ne le lirez nulle part. Je ne suis pas ici dans une position de journaliste, mais bien dans celle de chercheur.

J’avais vécu les évènements de l’intérieur (simple manifestant, mais de Lyon, ville d’origine de Frigide/Virginie). Ni elle, ni son frère ne purent/voulurent m’expliquer pourquoi elle était éloignée de son organisation depuis avril 2013.

Je la revis, lors de l’université d’été 2013 (28 au 31 août) de La Sainte Baume, dans l’abbaye tenue par des Dominicains. Des conférenciers, intervenants dans les manifestations de 2013, pour la quasi-totalité, avaient été invités, dont Ludovine de la Rochère, devenue présidente de la Manif pour tous, et qui avait « remplacé » Frigide/Virginie, à la tête du mouvement, lors de la dernière manifestation du 26 mai 2013. Mais Frigide/Virginie n’avait pas eu droit  à cette invitation, et ne fut pas autorisé à venir le premier jour, pour discuter avec Ludovine, mais seulement le deuxième jour, et « débarqua » visiblement épuisée, en tombant dans les bras du  frère dominicain, l’ayant autorisé  à venir, sans avoir le « droit » de donner une conférence.

Je n’entendis pas leurs échanges, mais vit le geste du frère, dont je compris, aisément, la signification, plus tard. Ce fut le point de départ de mon hypothèse de recherche.

Il désignait la croix, en souriant, et à chaque fois que  Frigide/Virginie répliquait, il remontrait cette croix. C’est sûrement un détail, pour vous et parmi vous, pour ceux (j’écris même surtout), qui se proclament chrétiens (ou se réclament des valeurs chrétiennes). Mais, pour moi, je le reliai immédiatement, aux événements que je vivais dans le syndicat corrompu de la CFTC POSTES. J’ai relaté ces évènements, dans l’article : 

 A la CFTC POSTE, « on » me demandait de sacrifier à l’idole cftC(hrétiens) en sacrifiant les deux « personnes humaines », que je défendais, sous peine d’en « …subir les conséquences… » = être sacrifié moi-même.

A  la Manif pour tous, « on  sacrifie » sa fondatrice, porte-parole emblématique du mouvement, et lui est demandé d’accepter ce sacrifice. Frigide/Virginie ne l’acceptait pas et ne voulait qu’une chose : Savoir ce que Ludovine avait dit. J’appris, bien plus tard, qu’elle dénonçait publiquement son éviction de La Manif pour Tous, ce que niait l’« organisation » du mouvement. Je donnais le CD d’enregistrement de la conférence de Ludovine à Virginie. Elle ne me l’a  pas rendu, je ne peux donc vous le faire écouter.

Frigide avait les mêmes codes et expressions que les partisans du projet de loi, et les exprimaient mieux. Elle attirait à la Manif Pour Tous, les indécis. Ces partisans s’en aperçurent au nombre de participants à la première manif, et leur inquiétude rejoindra celle de certains  organisateurs de La Manif Pour Tous, inquiets de cette « image déjantée » qu’elle donnait et qui séduisait la majorité des manifestants.

A partir de cette date « FRIGIDE doit être éliminée » et elle le fut.

Il n’en reste pas moins qu’écrire sacrifice paraitra à beaucoup de lecteurs, très excessifs, en comparaison de la littérature, décrivant les « véritables » sacrifices humains » de civilisation passées :

Rosario ACOSTA NIEVA, « TEOTIHUACÁN », Encyclopædia Universalis Dans la Ciudadela, autour du temple de Quetzalcóatl, les archéologues ont dégagé 126 sépultures réparties en groupes de quatre à vingt, accompagnées de nombreuses offrandes. La disposition des mains derrière le corps, suggérant que les individus avaient été attachés, est une constante. Des sacrifices à grande échelle étaient donc pratiqués à Teotihuacán

« TEZCATLIPOCA », Encyclopædia Universalis  La fête principale de Tezcatlipoca se situait au cours du cinquième mois, ou toxcalt. Le grand prêtre choisissait alors un jeune et beau prisonnier de guerre qui, pendant un an, allait vivre dans un luxe princier et figurer le dieu ; quatre belles jeunes filles, vêtues comme des déesses, lui étaient attribuées pour compagnes. Le jour choisi pour la fête, il gravissait les marches d’un petit temple, en brisant les flûtes dont il avait joué, et, au sommet des marches, on le sacrifiait en lui arrachant le cœur

Rosario ACOSTA NIEVA, Alexandra BIAR, Mireille SIMONI, « AZTÈQUES », Encyclopædia Universalis Le trait de la religion aztèque qui frappa le plus les conquérants, et qui explique la violence de la répression contre l’idolâtrie, est justement cet extraordinaire « fleuve de sang » dans lequel baignait le Mexique. Plus la tribu prenait de l’importance, plus grand lui semblait son rôle historique et plus les sacrifices humains se multipliaient.

Kristofer SCHIPPER, « FENG [FONG] SACRIFICE », Encyclopædia Universalis Terme désignant des cérémonies importantes qui consacraient l’autorité divine des dynasties impériales de la Chine. Les sacrifices Feng s’accomplissaient au sommet et au pied du Taishan, la montagne sacrée de l’est de la Chine, dans l’actuelle province de Shandong.

Jean VARENNE, « SOMA, religion védique », Encyclopædia Universalis Mot sanskrit qui signifie simplement « jus » (obtenu par pressurage d’une substance végétale) et qui désigne dans la religion védique l’élixir d’immortalité, le nectar, l’ambroisie (amṛta). C’est parce qu’ils consomment quotidiennement le soma qui leur est offert en sacrifice par les hommes que les dieux conservent leur statut d’immortels (dans la perspective hindoue, les immortels sont ceux « qui vivent aussi longtemps que dure le cycle cosmique ») : lorsque le dernier brahmane aura offert le dernier sacrifice, les dieux disparaîtront avec l’univers tout entier.

Mais aussi

XIPE TOTEC », Encyclopædia Universalis

Henry DUMÉRY, « BANQUET RITUEL », Encyclopædia Universalis

Nicole SINDZINGRE, Bernard THIS, « CANNIBALISME », Encyclopædia Universalis Le terme « cannibalisme », formé… à partir de « cannibale », provenant lui-même de l’espagnol caníbal, altération de caribal, qui, dans la langue des Caraïbes, signifie « hardi » et, au figuré, « homme cruel et féroce », désigne le fait de manger de l’homme (l’anthropophagie stricte), ce qui correspond toujours, dans les sociétés où l’on rencontre cette pratique, à une institution rituelle.

Jean VARENNE, « HAOMA », Encyclopædia Universalis

Roger BASTIDE, « SACRIFICE », Encyclopædia Universalis

Jean VARENNE, « VEDA », Encyclopædia Universalis

Jean VARENNE, « VEDĀNTA », Encyclopædia Universalis

Claude-François BAUDEZ, « OLMÈQUES », Encyclopædia Universalis

Je me limite ici, volontairement, à la citation d’articles d’Encyclopædia Universalis, car ne prétendant pas être ce, que, communément, « on » appelle érudit, je ne peux sélectionner, de moi-même, la littérature, si vaste, sur ce thème. La sélection d’Encyclopædia Universalis peut être discutable, par des experts du domaine, mais son « sérieux » ne peut être contesté.

Cette lecture pourrait vous conforter pour affirmer que le mot « sacrifice » est  très excessif, et même, pour certains, totalement inapproprié. D’autant plus, qu’avec le CD fourni (ou sans), Frigide/Virginie put se reconstruire et aller sur son chemin, non de « catholique déjantée »… mais de politique avec Sens Commun et soutien à François Fillon   Mon chemin n’était pas le sien.

Deux chercheurs/observateurs du monde catholique, très différents (domaine de recherche, méthodologie….) ont publié deux ouvrages de référence (comme on dit). En marge de leur remarquable travail, ils ont semé des petits cailloux, conduisant à la démonstration du lien unissant le terme sacrifice à Frijide BARJOT.

Le premier s’est intéressé à la Manif pour Tous (pour critiquer, et démontrer sa thèse) dans son ouvrage majeur (tiré de sa thèse) TRICOU Josselin, Des soutanes et des hommes. Enquête sur la masculinité des prêtres catholiques. Presses Universitaires de France, « Hors collection », 2021, ISBN : 9782130825173. DOI : 10.3917/puf.trico.2021.01. URL : https://www.cairn.info/des-soutanes-et-des-hommes–9782130825173.htm

Les seules lignes sur les manifestations de 2013, sont : « Ce groupuscule (Homen) est issu de la radicalisation d’une partie du mouvement d’opposition, à la suite de la manifestation du 24 mars 2013, terminée dans la violence après des débordements volontaires du cordon de sécurité de la part de certains manifestants. »

Pour ne pas s’étonner, il faut lire son épistémologie (point de vue) :

Préface de Eric FASSIN  « Alors que les portes de l’Eglise se referment, c’est la position particulière qu’occupe ce chercheur qui rend possible une telle enquête -de l’intérieur, mais en dehors. S’il peut accéder à ses terrains, c’est qu’il est un « ex »… Josselin TRICOU s’inscrit ainsi dans une épistémologie féministe du point de vue. »

Dans l’ouvrage, Josselin TRICOU confirme cette épistémologie, en précisant le point de vue adopté, celui, féministe, d’une sociologue australienne : Raewyn CONNEL  « Il n’est pas neutre, en effet, que Connell propose de penser les masculinités selon le schéma gramscien de l’hégémonie culturelle, qui s’exprime comme une coercition idéologique. Connel précise : « emprunté à l’étude des rapports de classe d’Antonio GRAMSCI, le concept d’hégémonie culturelle renvoie à la dynamique culturelle par laquelle un groupe revendique et maintient une position sociale de leadership »  d’où son concept de « masculinité hégémonique » … La masculinité hégémonique peut être définie comme la configuration de la pratique de genre qui incarne la réponse acceptée à un moment donné au problème de la légitimité du patriarcat    et qui garantit (…) la position dominante des hommes et la subordination des femmes. » 

Ceux qui voudraient approfondir cette notion de Raewyn CONNEL, peuvent lire

VUATTOUX Arthur, « Penser les masculinités », Les Cahiers Dynamiques, 2013/1 (n° 58), p. 84-88. DOI : 10.3917/lcd.058.0084. URL : https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-dynamiques-2013-1-page-84.htm

Quant à moi, ce que je retiens, c’est la référence à Antonio GRAMSCI.

Cette référence est devenue universelle, dès qu’il s’agit de rendre compte de luttes politiques pour prendre le pouvoir.

Dans « la controverse », Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne, deux philosophes, l’un, français et chrétien, l’autre sénégalais et musulman, dans un débat au sommet, érudit et vivant, discutent les extraits du Coran qu’ils connaissent tous deux en arabe…Lorsque la question de l’islamisme est abordée, Souleymane Bachir Diagne l’évacue, avec pertinence, en notant, comme une évidence, qu’il faut le comprendre, selon l’analyse de Gramsci, et non chercher une explication religieuse.

Après le départ de Frigide de La Manif Pour Tous, la diminution du nombre des manifestants fut spectaculaire et lors de la dernière de 2013, le thème abordé par la conférencière, la plus applaudie, Marion MARECHAL-LE PEN fut l’islamisme.

Lorsqu’elle a « quitté » la vie politique pour créer son école, l’ISSEP, à LYON, elle a  fait référence à GRAMSCI.

Une telle référence commune, pour en rester à Frigide BARJOT et à la Manif pour Tous, permet de montrer les motivations (recherche du pouvoir) de ceux qui ont remplacé Frigide. Cette motivation est la même, exprimée explicitement, chez Josselin TRICOU.

Qui dit recherche de pouvoir, dit besoin d’adversaires/repoussoir. Lorsque ces adversaires se reconnaissent les mêmes motivations, vient le respect de cet adversaire et le mépris de ceux qui ne veulent ni « sacraliser » ce combat, ni oublier son objet. Le qualificatif « bisounours », désignant ceux qui suivaient Frigide et la Manif pour Tous, sans être opposé à une union de couples du même sexe, est employé par Josselin TRICOU et par François BILLOT DE LOCHNER (président de la fondation de service politique, ayant œuvré à la « radicalisation » de la Manif pour Tous).  

Quel paradoxe !? En évoquant la manif pour tous, sous le seul angle politique, évacuant complétement les arguments mis en avant par nombre de soutiens intellectuels et ecclésiastiques sur la rupture anthropologique du mariage pour tous, Josselin TRICOU valide le point de vue de sa thèse, malgré (ou grâce) à son biais épistémologique sur les quelques lignes évoquant la manif pour tous.

Au-delà de sa thèse (très intéressante, mais non commentée dans cet article, car hors sujet), l’important a été de montrer que la  notion d’anthropologie  chrétienne doit être questionnée. Existe-t-elle (toujours ?) ?

Le deuxième est Docteur-HDR en histoire et spécialiste de l’histoire des missions chrétiennes.

Pour ceux qui s’intéresserait à cette recherche et veulent avoir une idée du contenu du livre, avant de l’acquérir, je donne la possibilité de télécharger un article de l’auteur.

Après le début de son livre, issu lui aussi d’un travail universitaire, Jean-Baptiste Pompallier – Vicaire apostolique des Maoris (1838-1868)  « Après vingt ans de combat, c’est seulement en 2002 que les Maoris ont enfin pu rendre à leur terre la dépouille de Jean-Baptiste Pompallier, premier vicaire apostolique d’Océanie occidentale en Nouvelle-Zélande de 1838 à 1868. À peu près oublié en France, cet évêque missionnaire est aussi connu sur ces terres lointaines que Lafayette l’est aux États-Unis. C’est lui, de fait, qui domina largement la scène religieuse et politique de la Nouvelle-Zélande au cours de ses trente années de présence »  Yannick ESSERTEL, inscrit son étude dans les différents enjeux de pouvoirs qui s’entremêlent sur le territoire de la  Nouvelle-Zélande entre 1838 et 1868…. La présence des missionnaires catholiques, des missionnaires protestants, des puissances coloniales et de colons de diverses origines multiplient les risques de conflits. Si les buts sont différents entre la sphère politique et la sphère religieuse, l’enjeu reste le même : l’extension du pouvoir de chacun sur de minuscules territoires avec ou sans l’assentiment des populations locales.

Dans ce livre est souligné la plus grande réussite de ce vicaire (au vu des objectifs ci-dessus): la conversion au catholicisme des îles de Wallis et Futuna

(Le vicaire vient après la désignation du meurtrier de Pierre Chanel comme roi)… « Après un kawa et une conférence entre les chefs et les habitants, Sam (le premier catéchiste autochtone) est désigné roi. Premier roi catholique, il est baptisé sous le nom de Petelo (Pierre en futunien) ainsi que la reine, sa fille et cent dix-sept habitants. Puis, le vicaire apostolique se rend sur les lieux de la mort de Chanel. Une messe solennelle est célébrée sur ce lieu désormais tapu (« sacré », c’est-à-dire intouchable), puis une croix est dressée. Tous les restes de « chair rouge » et les graviers teintés de sang sont ramassés et enterrés au pied de la croix. Après cet épisode qui marque le triomphe de l’Evangile sur l’île, les missionnaires confessent, baptisent et confirment du 5 au 8 juin. Pour les futuniens, Pierre Chanel devient l’apôtre fondateur de leur Eglise à Futuna. Le vicaire apostolique a tout lieu d’être satisfait : Il laisse derrière lui deux îles totalement converties, …Il a géré l’après Chanel…

Cet extrait du livre mène à la confrontation du cas de FRIGIDE, avec le schéma de la victime émissaire, théorisé par René GIRARD. Ce schéma a été, par exemple, décrit par   Pierre PACHET, « GIRARD RENÉ (1923-2015) », Encyclopædia Universalis . Je le cite, parmi tant d’autres, ayant autant de légitimité (sinon bien plus) à se réclamer de René GIRARD, car il emploie directement le mot sacrifice, sans passer par l’expression « victime émissaire »

« Le mécanisme » découvert et exposé dans La Violence et le sacré est celui de l’élection d’une victime qui se voit divinisée après avoir été sacrifiée. … Girard « révèle » une scène archaïque et fondatrice dont il ne peut exister de compte-rendu direct, mais dont il affirme qu’elle explique de façon rationnelle et complète l’ensemble des rituels, en particulier le sacrifice, mais aussi l’universalité d’objets comme les masques, ou de croyances hallucinatoires aux « doubles », aux monstres. Cette scène que les sociétés rééditent dans des rituels met aux prises l’ensemble des membres d’un groupe qui, plongés dans une crise née de l’affolement du désir mimétique (lorsque, comme chez Hobbes, tous sont en lutte contre tous), risquent de détruire leur communauté même. Le meurtre d’une victime de rencontre par la communauté dès lors rassemblée, autrement dit le sacrifice, les délivre de cette catastrophe, et les introduit au monde du sacré (« c’est la violence qui constitue le cœur véritable et l’âme secrète du sacré ») et de la religion. »

Et si  elle n’est pas morte, ni devenue la déesse Virginie, il s’agit bien d’un sacrifice, au sens où la présence de FRIGIDE gênait l’ensemble des « puissants », intervenants dans ce projet de loi.

Dernier élément pour comparer le schéma de Girard, décrit par Pierre PAGET: Les chemins de Frigide/Virginie et les miens se croisèrent, de nouveau, au moment de la loi sur la PMA pour toutes. Invité à une réunion de Lyon, préparant la manif de cette ville, j’intervins pour m’étonner de l’absence de celle, ayant permis de rassembler le million de personnes à chaque manifestation du premier trimestre 2013. La réponse entre dans la catégorie de la langue de bois (ou de « buis »). Je ne l’ai pas retenu et ne la citerai donc pas. Après la réunion, durant la séquence des échanges libres, j’eus l’occasion d’en apprendre plus sur l’organisation nouvelle du mouvement « La Manif pour Tous ». Je compris qu’elle avait été pensée pour empêcher Virginie d’y revenir…Et aux silences et détournements de regards pour éviter d’échanger, que la majorité présente dans cette réunion, en était consciente. Seuls, quelques-uns vinrent « spontanément » me parler. Je le fis volontiers, car il s’agissait des organisateurs de la manif lyonnaise d’avril 2013, présentés dans la presse locale, comme opposés aux (quelques) manifestants, tentant d’expulser Frigide/ Virginie de la Manif Pour Tous.

Doutez des informations, issues de la Presse. Ces organisateurs ont justifié l’organisation du mouvement « La Manif pour Tous » et assumé son objectif d’empêcher Virginie d’y revenir. « Ce qu’elle propose est pire que ce que propose le gouvernement… »

Virginie m’appela, quelques jours après. « Informée »  de mon intervention (qui aurait eu, selon elle, un grand retentissement au sein de La Manif Pour Tous, où elle avait des informateurs), elle me demandait d’intervenir à PARIS, lors de la réunion nationale de La Manif Pour Tous, où, elle aurait débarqué, avec ses partisans, pour se faire accepter, comme une porte-parole légitime…

J’ai refusé et essayé de  lui en expliquer les raisons. En vain, … je lui « raccrochais au nez ». Juste avant, elle venait de m’expliquer que son éviction aurait été voulue par les évêques français, que la cause, qu’elle défendait, était La Cause à Défendre  et valait ma participation…Bref ou =, elle avait participé au sacrifice de Frigide, l’humoriste devenue « la catholique déjantée » était redevenue Virginie…

Le mécanisme est donc le même, et comme il est atténué (pas de meurtre), il reste caché. La révélation du mécanisme victimaire par le christianisme est elle aussi fondamentale que l’affirme René GIRARD ?

En effet, Girard, après son travail anthropologique, abouti dans La Violence et le Sacré, se lance, avec toujours une méthodologie d’intertextualité, dans la comparaison des Evangiles et des mythes, en affirmant le caractère principal de Evangiles : sa valeur anthropologique (ce fut affirmé aussi, par Simone Weil, philosophe du 20ième siècle, adepte des méthodes de terrain). Il s’appuie sur l’Evangile de Saint-Jean pour le démontrer, introduisant, par-là, un biais épistémologique. Cet Evangile, le dernier chronologiquement, est déjà théologique.

Ce qu’il ne voit pas, c’est que les débats théologiques deviennent un enjeu de pouvoir dans la chrétienté. De ce fait, les querelles théologiques ne pouvaient que « sacrifier » l’anthropologie des Evangiles, qui devint cachée et oubliée. Le mécanisme victimaire pouvait se perpétuer. Et, de fait, les querelles théologiques aboutirent à des reprises du mécanisme victimaire (exclusion, excommunication lors des conciles….)

Quel serait le message de Jésus, dont le contenu anthropologique pourrait différer de la théologie chrétienne, sans la contredire ? Il doit nécessairement pouvoir être le même pour ceux qui le considère comme Dieu et ceux qui le tiennent pour un prophète. Or les paroles de Jésus et son message ne sont explicites que dans ce que l’on appelle « Les Béatitudes », et ses actes (dont la femme adultère), très bien analysés par René GIRARD, montre un Jésus, comprenant (ne les désapprouvant pas) les enjeux de pouvoir (de prestige…), mais refusant de participer aux querelles, en découlant, ni surtout pas à un sacrifice humain (épisode de la femme adultère), tout en ayant conscience que cette non-participation, le désigne aux yeux des « puissants » comme une « victime à sacrifier » . La Croix est l’acceptation des conséquences ultimes d’un tel refus…

Ce n’est qu’après que vient la théologie, comme l’a compris James Alison, théologien dominicain catholique qui a écrit « Le péché originel à la lumière de la Résurrection »Partant de la conception des rapports humains proposée par le modèle mimétique de René Girard, l’auteur suit …, dans les Écritures, le progrès d’une compréhension toujours plus complète et nouvelle des phénomènes victimaires …

Je cite James ALISON, car il a compris qu’une anthropologie ne peut être imposée, elle s’impose d’elle-même. Je peux la décrire ainsi, car l’anthropologie du sacrifice a évolué dans le monde, c’est ainsi qu’un psychiatre libanais, a pu écrire dans un article

https://www.lorientlejour.com/article/1422114/entre-le-refus-et-le-refuge

« …Quant à l’idéologie du sacrifice, elle était nécessaire pour donner un sens à l’existence collective. Ceux qui se sacrifiaient pour la survie du groupe étaient vénérés comme des héros ou des martyrs. Ce concept a aidé les individus à accepter que leurs droits à une vie satisfaisante, luxueuse et digne devaient parfois passer après ceux de leur peuple à vivre en liberté et en sécurité. Au cours du siècle dernier, le concept de sacrifice n’a pas disparu, mais a évolué vers le besoin pour l’individu de se sacrifier pour de nouveaux concepts tels que le développement personnel, les compétences et l’éducation. Ainsi, le sacrifice ne nécessite plus nécessairement de risquer sa vie, mais plutôt son temps et sa santé. Cette évolution de la notion de sacrifice a conduit la société à passer de l’héroïsme et du martyre à la victimisation. Tout préjudice physique qui menace la survie d’un individu est désormais perçu comme une injustice infligée par la société, alors que dans les siècles passés, ce même préjudice aurait été vu comme un acte héroïque de la part de l’individu. Dans le cas des réfugiés, cette tendance à la victimisation place les sociétés d’accueil dans une position de responsabilité voire de culpabilité si elles ne répondent pas aux demandes de protection et de refuge, même au détriment de leur propre prospérité.

En conclusion, il n’est pas pertinent de refuser le refuge à des êtres humains au Liban, car cela irait à l’encontre du cours du temps, de l’évolution et de la logique. Cependant, nous devons être conscients que certaines composantes de l’approche facilitant le séjour des réfugiés au Liban épuisent le pays et le conduisent vers la désintégration, un résultat qui, s’il s’accomplissait, menacerait le concept même sur lequel reposent les Nations unies, organisation principale dans la défense des droits des réfugiés, bien qu’elle soit conçue pour défendre les droits des nations… »

  Rami BOU KHALIL, MD, PhD n’a, peut-être, pas lu GIRARD, mais a parfaitement compris qu’avant la promotion de l’individu, le sacrifice était nécessaire pour donner un sens à l’existence collective. Il était la norme qui s’imposait et que l’on imposait (d’où la désignation de la Croix pour faire accepter ce sacrifice).

Seule ma méconnaissance des codes sociaux me fait remarquer un tel geste et l’interpréter comme le signe de la persistance des sacrifices humains (et des mécanismes victimaires), alors que la victime ne s’en offusque pas et finira par l’accepter.

Seule cette méconnaissance peut me faire assimiler à un « petit » comprenant mieux l’une des béatitudes : « Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5, 6) consistant à dévoiler les sacrifices humains préparés par une coalition des « puissants » – ceux qui ont le pouvoir (petit ou grand) d’agir » et d’en accepter les conséquences sacrificielles (ou don ?) possibles. Dans un monde occidental, où les « droits de l’individu » sont la valeur suprême, l’emploi du mot sacrificielles n’est pas déplacé, même si le risque d’être tué est faible (mais non nul). Il suffit, pour être convaincu, d’étudier les lois sur le harcèlement, et les articles qui, pour protéger, ceux qui « dévoilent » de tels faits, menacent de sanctions lourdes, ceux, qui pourraient être tentés de « s’en prendre » à ce type de lanceurs d’alertes.

Les deux recherches intervention avaient pour but de vérifier ce qui n’était qu’hypothèse, à l’époque

Je l’ai validé.

Un harcèlement institutionnel n’est qu’une particularité de la pratique des sacrifices humains, notion « moderne », exposée dans cet article. Cette pratique sera détaillée dans un autre article, à paraitre fin septembre. Il sera basé surtout sur l’expérience de la recherche/intervention dans une copropriété. Et détaillera la conséquence principale de ces résultats dans la théorie mimétique de René GIRARD. Elle est politique : Pour lui, la révélation du mécanisme victimaire par le christianisme … orienterait le monde vers une apocalypse destructrice, la montée aux extrêmes (cf. Achever Clausewitz 2007, Carnets nord), d’où la réponse de Jean-Marc BOURDIN

à la question “Quelle action politique nous inspire la pensée de René Girard”, « je crains qu’il n’y en ait à proprement parler aucune »

Avec ces résultats, une philosophie de l’action, y compris politique, peut s’élaborer.

Je prendrai, donc, principalement, l’exemple de la copropriété. A la différence d’une entreprise, où des collectifs peuvent s’organiser en contre pouvoirs (je suis à la CGT, qui protège, réellement, les lanceurs d’alerte), la copropriété, sauf exception, est une organisation d’individus, avec des identités multiples (origine, religions…) défendant leurs intérêts individuels (les rivalités y sont donc exacerbés). Les « puissants » le savent et peuvent se croire tout-puissants pour défendre les leurs (intérêts…) jusqu’à attaquer les lanceurs d’alerte.

Mais, sans attendre, je peux montrer, avec l’actualité de la Nouvelle-Calédonie, une action politique possible. Dans l’article de Yannick ESSERTEL, (que vous pouvez télécharger ci-dessus), est mentionné le cas de la Nouvelle-Calédonie. Dans son livre, Yannick ESSERTEL montre l’action de Jean-Baptiste POMPALLIER, défendant les Maoris, en révolte, suite au non respect des accords conclus avec l’autorité coloniale britannique. Son action fut prudente, pour éviter que les Maoris se sacrifient (le mot est de moi) dans une guerre totale.

Aujourd’hui, les accords d’Ouvéa ne sont pas respectés: Ils prévoyaient une aide au développement économique du peuple Kanak. Ils représentent 40 % de la population, mais comptent 70 % de pauvres. Comme le dit, un leader syndical Kanak, dans la revue CGT des retraités : » Le seul secteur qui embauche, aujourd’hui, est l’armée ». La politique menée, aujourd’hui, conduira à sacrifier le peuple KANAK: « …est une reproduction de ce qui s’est déjà passé en 84…(propos d’une étudiante kanak dans la vie ouvrière du 17 05 24) = remise en cause intégrale des accords d’Ouvéa. Faire reconnaitre cette politique comme une politique semblable à une politique coloniale britannique, pratiquée chez le peuple Maori, au 19ième siècle, est une action politique

Les articles suivants, selon une périodicité aléatoire, analyseront des cas réels, à la lumière de ces résultats, avec les conséquences économiques et en sciences de gestion. Cette recherche permet d’appréhender, ce qui se cache dans l’expression :« Toutes choses égales par ailleurs »…

 Sans reprendre  toute l’histoire de l’évolution de cette hypothèse de départ (qui suit la méthodologie de recherche, exposée dans le mémoire de master 2, (cf. page recherche), je remets en cause, in fine, non pas le meurtre fondateur, mais son récit. Il est beaucoup plus simple (on ne se heurte pas aux difficultés exposées dans la page recherche) et logique d’envisager le (ou les) comme le résultat de luttes entre deux (ou plus) dominants pour  le contrôle d’un territoire (d’une tribu…). Mais je la pose, simplement, comme hypothèse intéressante à étudier, car elle implique une anthropologie ontologique!