Le regard de Simone Weil, journée Simone Weil du 7/03/26… et désir d’être

Simone Weil est connue comme mystique….et les émissions, articles, livres, qui arrivent actuellement, montrent la fascination produite par cette partie essentielle de sa vie.

Dans le café/coworking Le Simone, à Lyon, nous avons voulu extraire de cette période (« mystique ») de sa vie, les citations, montrant la « spécificité unique » du regard d’observation de Simone Weil. (Toutes ces citations sont issues de la biographie de Simone Weil par Simone Pétrement, « La vie de Simone »)

Et nous avons décidé d’organiser une journée Simone Weil, le samedi 7 mars 2026.

Lors de cette journée, plutôt qu’une première conférence, j’animerai un atelier de lecture sur son « journal d’usine », période de sa vie ouvrière (où elle professait un matérialisme), aussi essentielle puisque qu’à Hélène HONNORATqui lui demandait (après son expérience mystique) pourquoi elle voulait absolument être une travailleuse agricole (après avoir été ouvrière avant cette expérience) « Mais enfin, Simone, pourquoi faites-vous cela, avec ce que vous portez en vous, ce que vous avez à dire » ; « Il y a des choses que je n’aurais pas pu dire si je n’avais pas fait cela » (Parole de Simone Weil, citée dans une conférence d’Hélène HONNORAT « La conversion d’après Simone Weil »).

Il y a continuité dans sa volonté d’expérience dans le monde du travail. La spécificité de son regard était-il déjà présent dans sa période « matérialiste » ? Ce sera le fil conducteur (souple) de cet atelier.

Il sera précédé des citations contenues dans cet article. La première d’entre elles justifie l’introduction de l’expression désir d’être dans le titre de cet article.

Sa biographe note que le poète Jean Tortel se lia d’une véritable amitié avec Simone Weil et a bien voulu m’écrire quelques pages :

« …pendant les quelques mois où j’ai été en contact avec elle, sa vie profonde -pourrais-je dire secrète ? – m’est sans doute restée ignorée, comme elle échappait, je crois, à la plupart … Nous laissant parler : elle, souvent plongée dans quelque lecture au milieu de nos conversations d’où elle paraissait absente. Une présence. Qui était là…Elle regardait (quand elle regardait) …les yeux immensément en avant…vers l’objet regardé…avec une intensité et…une sorte d’avidité interrogatrice que je n’ai pas rencontrée ailleurs…« Savoir qui nous étions ? Je veux dire : savoir si nous portions en nous quelque dignité, quelque raison d’être. Si nous étions nous et non pas quelques masques. Elle était avide, non seulement d’être, mais de savoir quelle était la part d’être de chacun et elle ne nous lâchait pas. ».

Sœur Colombe, bénédictine de l’abbaye Sainte-Scholastique, se souvient de sa rencontre avec Simone : « …Son silence…, la qualité de son attention, voilà ce que je n’ai pas oublié. Cela émanait d’elle d’emblée avec le sérieux, l’authenticité.

Même après son expérience mystique, elle avait la volonté de rester scientifique et connaissait l’importance du regard d’observation dans la science.

 Dans l’article (1941) compte rendu du livre collectif  L’avenir de la science  

« La science contemporaine n’a pas eu besoin d’apprendre aux philosophes que le déterminisme n’est qu’un postulat car il n’a jamais été autre chose pour eux. De même on a toujours su que les procédés d’observation troublent le phénomène observé et que par conséquent la connaissance du phénomène ne peut être qu’imparfaite. »

L’importance d’un regard d’observation traverse toutes les périodes de sa vie.

Durant la guerre civile espagnole. Dans la lettre à Bernanos, elle écrit : « Oui, la peur a eu une part dans ces tueries ; mais là où j’étais, je n’ai pas vu la part que vous lui attribuez. »

Et sa biographe note « Elle tient à laisser intact le déterminisme sans faille qui est le postulat de la science et de toute connaissance objective. »

Ce qui s’exprime dans l’article d’avril 1941 « A propos des jocistes » il lui semble que la J.O.C. n’est pas un mouvement de jeunesse au sens que cette expression a d’ordinaire « On n’y trouve nulle ivresse collective, nuls effets de magnétisme, nuls mots d’ordre, nulle obsession de puissance, nulle  flatterie à l’égard de la jeunesse.

« C’est le pur esprit ouvrier qui s’exprime à la J.O.C., sans mélange étranger. La politique n’y pénètre pas ; la religion, elle-même, n’y pénètre que traduite. Ces petits gars  ont senti que ce qui pèse sur eux, ce qui les courbe tous les jours, par-delà le système économique et les patrons, c’est la matière elle-même (…) mais dès qu’ils prennent conscience d’eux-mêmes, ils sentent mieux que d’autres qu’ils y sont soumis.

Et dans « Réflexions sur la barbarie » (fragments d’un article inachevé)

Il n’y a pas non plus de classe qui soit « par une sorte de prédestination, porteuse et unique porteuse de civilisation ». Ce qui donne la clé de l’histoire, ce n’est pas la notion de classe, comme l’a cru Marx, mais la notion de force. « Je ne crois pas que l’on puisse former des pensées claires sur les rapports humains tant qu’on n’aura pas mis au centre la notion de force, comme la notion de rapport est au centre des mathématiques. »

Et sa biographe note « Elle a voulu tracer les grandes lignes d’une doctrine, mais non construire un système. Être fidèle à son expérience était plus important à ses yeux que d’éliminer toute contradiction ou de suivre jusqu’au bout un développement logique. »

A-t-elle réussi ? « Elle raconta (à Pierre Dantu) son expérience de l’usine ; il lui disait que cette expérience était sujette à caution à cause de ses maux de tête, mas elle affirmait qu’il se trompait »

Lisons donc journal d’usine … !

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