Neurones miroirs et autisme (suite) : Le travail qui guérit, comparaison de l’apprentissage, en EPS, d’Harry Potter et d’un autiste.

La découverte des neurones miroirs a déclenché un enthousiasme, qu’il faut modérer, si on veut faire preuve d’une certaine rigueur scientifique, c’est ce que ce premier article ci-dessous montre.

Mais l’enthousiasme n’empêche pas cette rigueur. Le travail qui guérit est un livre écrit par le Professeur Jean-Michel OUGHOURLIAN, qui,  apprenant la découverte des neurones miroirs, a tout de suite vu une validation de la théorie mimétique découverte par son Maitre René GIRARD. Celui-ci n’eut pas cet enthousiasme.

Jean-Michel OUGHOURLIAN, en tant que neuropsychiatre, mit en application cette théorie.

Le travail qui guérit relate son immersion dans les UPAI®, usines apprenantes et inclusives de la fondation AMIPI. Il reflète l’enthousiasme du professeur : « Le cerveau se fabrique en fabriquant » ;

« Une entreprise fabrique des objets ; elle fabrique aussi de l’être » En allant sur le site

https://www.fondation-amipi-bernard-vendre.org/actualites/actu-insertion/439-lamipi-presente-au-ministere-des-solidarites-et-de-la-sante-pour-destigmatiser-la-sante-mentale.html

Vous pourrez visionner le témoignage de  Wassim, opérateur de l’usine apprenante et inclusive de l’AMIPI à Blois. Il a été interviewé sur son quotidien, et lève ainsi les tabous sur la santé mentale : Wassim est schizophrène et pourtant il travaille et même, le travail est pour lui un lieu thérapeutique et de soin.

La fondation a développé un

Partenariat scientifique avec le GRENE : cap sur l’expérimentation (fondation-amipi-bernard-vendre.org)

Une recherche-action est en cours avec une hypothèse globale qu’un opérateur (d’une usine apprenante et inclusive de l’AMIPI) progressera plus vite et s’appropriera plus facilement un projet d’évolution professionnelle s’il bénéficie de trois leviers :

  • Une meilleure connaissance du fonctionnement de son cerveau et de ses possibilités de développement (plasticité)
  • Une meilleure connaissance de ses compétences qu’il peut valoriser dans un dossier personnel qu’il tient à jour. Car pour se projeter avec confiance dans son avenir, tout individu doit pouvoir mesurer le chemin parcouru
  • Une meilleure compréhension que l’apprentissage se fait tout au long de la vie et ne se limite pas à la vie professionnelle et que son intégration dans une entreprise ordinaire sera l’occasion d’autres beaux apprentissages (élargissement)

Cette recherche est sous la direction de Pascale TOSCANI, Responsable du Laboratoire GRENE. Elle  est maître de conférences en psychologie cognitive. Depuis le début de sa carrière, elle lutte contre l’idée reçue, avant tout dans le domaine scolaire, que tout serait joué avant l’âge de six ans. Elle s’est spécialisée en neurosciences de l’Education, un domaine de recherche qui a pour but d’aider les enseignants à intégrer dans leur pratique professionnelle, les connaissances sur le cerveau. Elle s’intéresse particulièrement au concept de « plasticité cérébrale », c’est à dire la capacité qu’a le cerveau de s’adapter en permanence à son environnement.

Vous pouvez la « visionner » dans cette vidéo de 12 mn.

Les travaux du Professeur OUGHOURLIAN et cette recherche s’intéresse aux opérateurs travaillant dans les usines de la fondation AMIPI. Parmi ceux-ci des autistes. C’est pour cette raison, que j’intègre ici les résultats de mon observation du fonctionnement de mon cerveau, qui m’a permis d’émettre une hypothèse sur les neurones miroirs et le circuit neuronal.

En effet, considérant, d’une part, que la distinction entre autistes de haut niveau et autres autistes ne présente aucun intérêt, car le fonctionnement du cerveau est le même et que, d’autre part, tous les opérateurs des usines de la fondation ont le même apprentissage, l’observation d’un autiste non opérateur pourrait m’amener à formuler des hypothèses sur le fonctionnement du cerveau humain.   Avant de l’exposer, je voudrais faire un détour par Harry POTTER.

A .

Tous les lecteurs de cette saga et ceux qui ont regardés les films tirés de ces livres, savent que l’unique sport de POUDLARD (l’école des apprentis sorciers) est le Quidditch.

Il n’est pas utile de connaitre les règles de ce sport pour être frappés par la description des progrès d’Harry POTTER. Pendant son entrainement, il se « regarde » exécuter les gestes et mouvements, ce qui lui permet de les analyser et de les améliorer. La revue Sport et Vie avait lu ce détail et en avait conclu que J. K. ROWLING connaissait bien l’entrainement sportif, car pour les sportifs de haut niveau, cette capacité n’est pas instinctive.

Sortons du domaine fictif de Poudlard, mais continuons dans le monde du sport, celui de la natation. « Comme l’époque le veut », des coachs/influenceurs se multiplient sur les « rézos », et notamment sur You Tube

Source PINTEREST : Cette vidéo a qqs années, mais vous pouvez tuber et tomber sur des vidéos de ce mois et –

Lorsque que j’appris à nager, j’ai eu beaucoup de difficultés. C’était l’époque de la « révolution pédagogique » dans tous les domaines : Lecture, maths et….aussi sport, et donc en premier lieu dans ce domaine, la natation. Avant, le maitre-nageur avait décomposé les mouvements et les apprenait aux débutants hors de l’eau, avant de les répéter et exécuter dans l’eau.

Lorsque j’ai commencé à vouloir nager, il n’y avait pas de vidéos, et le professeur ne promettait pas  à mes parents d’apprendre à nager en 10 mn, mais en 10 leçons. Beaucoup moins que l’apprentissage « dépassé » ( ?) hors de l’eau. Oui, mais passé la phase glisse sur l’eau qui ne me posait aucun problème, et qui devait être la leçon essentielle, puisque le reste devait couler de source, je n’arrivais pas à enchainer les mouvements élémentaires. Au bout des 10 leçons, je ne savais toujours pas nager.

J’ai donc appris tout seul et « analytiquement » : Comme Harry POTTER s’observant jouer au quidditch, je me voyais nager, et j’améliorais chaque geste. Je continue d’ailleurs à 69 ans et j’arrive toujours à améliorer ma technique de nage et à être plus rapide. Je suis d’ailleurs arrivé à un niveau, qui donne l’envie, quelquefois, à des nageurs voulant faire des séries de fractionné, de m’inviter à participer à leurs séances. Je fais attention à ce qu’ils ne connaissent pas mon âge.

J’ai compris que se regarder exécuter des mouvements n’était pas naturel, quand j’ai vu des entrainements de (futurs) « champions ». L’entraineur est obligé de demander à ses « élèves » de ralentir le rythme de nage pour qu’ils puissent se concentrer sur le mouvement à maitriser ou à améliorer.

Je me suis alors posé la question du but d’un tel entrainement, car je ne voyais pas comment les nageurs pourraient appliquer une technique nouvellement apprise à nage ralentie, lorsqu’ils évolueraient à un rythme rapide, s’ils ne pouvaient s’observer à ce moment-là. L’explication est venue après : C’est lors des compétitions que ce travail d’amélioration de la technique s’implante « naturellement » chez le nageur.

A contrario, l’observation de nageurs, qui, ayant appris à nager très rapidement, stimulés par  la compétition avec leur voisin de nage, montre qu’ils sont dans l’incapacité d’effectuer ce travail, s’ils ne sont pas motivés par « l’envie » d’être le ou l’un des meilleurs…

Ces observations rejoignent la pédagogie, mise en œuvre dans les usines de la fondation AMIPI, et , ce qui nous occupe dans cet article, montre l’intérêt d’une recherche, telle que la mène Pascale TOSCANI.

Elles aideront à élaborer des théories sur le fonctionnement des systèmes neuronaux.

Elles entrent en résonance avec des hypothèses sur les neurones miroirs émises dans l’article déjà cité ZALLA Tiziana, LABRUYèRE Nelly, « Chapitre 9. Neurones miroirs et autisme », dans : Christian Hervé éd., Psychose, langage et action. Approches neuro-cognitives. Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, « Neurosciences & cognition », 2009, p. 149-166. DOI : 10.3917/dbu.dagog.2009.01.0149. URL : https://www.cairn.info/psychose-langage-et-action–9782804120702-page-149.htm

« Cette hypothèse alternative présuppose alors que l’information concernant le but est inférée par d’autres systèmes cognitifs grâce à des indices contextuels et reçue par le système miroir qui, à son tour, génère par simulation (ou émulation) la séquence d’actions la plus probable sous forme de prédiction. Par conséquent, dans cette perspective, une atteinte des neurones miroirs du système moteur chez des personnes avec autisme devrait prédire un dysfonctionnement du mécanisme forward et donc des troubles de l’anticipation de sa propre action et de l’action d’autrui, ce qui semble indiquer les derniers travaux de Cattaneo et collaborateur (2007) et Labruyère et collaborateurs (en préparation). ».

Les autistes ont un autre regard sur la compétition, il suffit de consulter le blog d’une poète, pratiquant le triathlon pour s’en convaincre Vichy #14 – Courir écrire et crier (wordpress.com). Julie DACHEZ (voir https://www.julieacademy.com/juliedachezquisuisje) propose la thérapie fondée sur la compassion, moteur de motivation, en opposition à celle nourrie par la compétition.

Après un tel article, j ‘écoute un pianiste autiste Glenn GOULD, dans le morceau qui l’a rendu célèbre, Les autistes ont le même fonctionnement cérébral, ils sont différents: Si vous voulez d’autres suggestions de choix musicaux, allez sur le site de Julie. Vous y lirez aussi cette phrase : « C’est le diagnostic qui me permet aujourd’hui de relire ma vie avec une nouvelle grille de lecture, et de comprendre pourquoi la période … a été si difficile » Je pense que c’est un point commun aux autistes se sachant autistes seulement à l’âge adulte.

En se comprenant mieux, nous comprenons mieux aussi le fonctionnement différent des cerveaux des neurotypiques. C’est la raison pour laquelle, je considère que les recherches de Jean-Michel OUGHOURLIAN et celles de Julie DACHEZ sont révolutionnaires. L’insertion des autistes dans le monde du travail serait grandement facilité par l’application des théories du professeur OUGHOURLIAN dans toutes les entreprises. Et cette application n’aura un effet favorable sur la performance des entreprises que si l’insertion de toutes les formes d’intelligence soit réelle.

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