
Face à deux rivaux qui s’opposent sur des sujets avec des arguments montrant que l’objet de la querelle est autre (ou a été oublié ou mis de côté pour mieux se concentrer sur la rivalité), ou devant une critique pleine d’arrières pensées, impossible à décoder pour lui, un autiste préfère se taire, car il ne comprend pas. C’est comme un mur qui sépare deux mondes proches mais ne pouvant se rejoindre. D’où sa solitude
Quand le rapport de la commission sur les abus sexuels (CIASE) est paru, j’ai voulu prendre connaissance uniquement de l’annexe volumineuses du témoignage des victimes.
J’ai été bouleversé par eux. Oui, les autistes peuvent avoir de l’empathie, de la compassion. J’ai écouté l’Aigle Noir
En guise de soutien à cette commission et à la courageuse (mieux vaut tard que jamais) réaction des évêques français, j’ai publié un témoignage, Le témoignage, qui éclaire le rapport de la CIASE, mais que je n’avais pas souhaité donner à la commission | LinkedIn, montrant le caractère systémique de ces abus. J’anticipais, effet, les critiques sur ce terme.
Elles sont arrivées.
La CIASE vient d’y répondre, de façon simple. Et ce qu’elle écrit est la définition d’un harcèlement institutionnel.
… le mot “systémique“ ne veut pas dire… que l’institution aurait délibérément et systématiquement organisé un système d’abus sexuels à grande échelle. Il signifie en revanche qu’ayant eu connaissance d’un nombre récurrent d’abus en son sein, elle s’est généralement abstenue de prendre les mesures nécessaires pour les traiter de manière adéquate, c’est-à-dire y mettre fin ou les prévenir. C’est cette passivité prolongée qui engage la responsabilité de l’institution et autorise à parler d’un phénomène systémique.
b/ Ces manquements de nature institutionnelle, qu’il s’agisse de négligences, de défauts de vigilance, de dissimulations et d’absence d’écoute, ont été nombreux. L’Eglise n’a pas su ou pas voulu capter les signaux faibles portés à sa connaissance, ni prendre les mesures qui s’imposaient et, en particulier, protéger les enfants dont elle avait la garde pour les mettre hors de la portée des prêtres et religieux pouvant représenter pour eux un danger.
Seule la commission avait autorité pour l’écrire et, je veux croire que seul un ami des autistes (Jean-Marc Sauvé explique dans le magazine Prier, décembre 21 qu’il a travaillé avec des autistes, l’été de ses deux années de noviciat chez les jésuites) pouvait trouver les termes permettant de ne pas créer une escalade de violence. Seul un membre de l’Académie catholique, connaissant les arrières pensées d’une partie de ses membres, -Vous pouvez en juger en lisant son interview ou en écoutant le « podcast » de cet entretien sur RCF radio :
Et ayant choisi de ne pas démissionner de cette académie, pouvait transformer cette réponse en modèle d’action pour tous cas d’harcèlement.
Ne vous trompez pas, les critiques de l’Académie sont d’une grande violence vis-à-vis des victimes. Vous le comprendrez en lisant ce qu’a dit Jean-Marc Sauvé dans le magazine Prier, décembre 21 : Il conte le cas d’un homme agressé, comme quatre de ses frères dans une fratrie de 10 enfants. Devenus majeurs, ils avaient porté plainte. L’évêque est venu rendre une visite « amicale » à ses parents pour les inciter à demander à leurs enfants de retirer leur plainte….Quand il m’a raconté son histoire, cet homme n’arrivait plus à parler, étouffé par les sanglots…..Et pendant le temps de la plainte, ses parents ne pouvaient se rendre à la messe de leur village et devaient parcourir plusieurs kilomètres pour aller dans une paroisse où ils étaient inconnus.
Cette exclusion est (était) courante en cas de révélation d’harcèlement ou abus sur des mineurs. Elle est rendue possible si les critiques de bonne ou de mauvaise foi tendent vers l’unanimité. La réponse de la CIASE devait aussi répondre à cet enjeu. Aussi elle mérite d’être étudiée et a sa place sur ce site (d’autant plus que si je révélais des cas d’harcèlements ou/et « abus » sexuels, dans une entreprise, je ne pourrais apporter une telle réponse). Les annexes sur la méthodologie intéresseront les représentants du personnel et les cabinets d’expertise, qu’ils peuvent appeler pour enquêter sur des cas d’harcèlements de tous types.
Comment expliquer effectivement cette quasi « acceptation » des abus perpétrés au sein de l’Eglise ! c’est glaçant, et le mot « systémique , dans ce cas ne semble pas abusif.
J’aimeAimé par 1 personne